Il y a 10 ans, j’écrivais mon premier papier sur un blog, qui à l’origine n’était pas celui-ci (si vous êtes curieux, vous pouvez cliquer ICI). J’ai reçu une notification aujourd’hui (parmi les nombreuses que je reçois) comme quoi je devais fêter un bon anniversaire à mon blog qui a vu le jour pour la première fois un 27 octobre 2009 à plus de trois heures du matin (j’étais déjà frapadingue à l’époque !)… Je n’ai vraiment pas vu le temps passer, sur ce petit journal numérique qui à la base répondait essentiellement aux questions de mes amis, sur ce que j’avais écouté ou vu en concert, mais aussi à cause d’un groupe américain (j’en parlerais plus tard). C’est un peu grâce à leur curiosité qu’il est né. Ils m’ont apporté beaucoup sans le savoir et grâce à ce petit réseau devenu un peu plus grand, j’ai vécu pas mal de choses ! Ceux qui me voient régulièrement en concert sauront de quoi je parle.

Avant tout, je tiens à préciser qu’être blogueur n’est pas un métier. Au départ, je n’avais aucune intention de devenir blogueuse. J’ai déjà un emploi à plein temps plus institutionnel et plus rationnel depuis longtemps (et encore aujourd’hui) et à l’opposé de cette activité (je bosse dans les chiffres). Le blogging est venu grâce à ma passion pour la musique et l’art sous toutes ses formes. J’ai carburé à cette passion depuis le début où j’ai mis les pieds dans une salle de concert. Mon premier Live c’était l’immense groupe Queen dans le tout premier Bercy de l’époque, qui sortait à peine de terre. Freddie Mercury m’a totalement fascinée, comme leur musique si différente et je suis devenu une fan assumée de ce grand groupe. J’ai même conservé la photo argentique du concert que j’avais acheté en sortant de Bercy. C’est toujours le même carburant qui m’anime jusqu’à présent. Je ne suis pas encore blasée, peut être tout juste un chouia saturée par la multiplication de la production musicale, où il devient un poil plus ardu de porter ses oreilles à tout ce qui sort et surtout séparer le bon grain de l’ivraie.

Mais en vrai, ce n’est pas si important. Quand j’aime un album, un live, un artiste, une musique, un clip, c’est un grand TOUT. Je ne calcule pas mon émotion quand j’entends une voix, une mélodie, une harmonie, quand je vois des nuages de lumière, ou que j’entrevois dans un regard illuminé ou un sourire esquissé du public la magie de sa rencontre avec son artiste. Dans la centième de seconde, je suis capable de dire si j’aime ou je n’aime pas. C’est quand vient l’heure de rentrer, que mille choses se bousculent dans la tête, que mille sentiments m’animent, où je me refais le film du concert, je chante les chansons qui m’ont bouleversées, je repense sans cesse à ce ce que j’ai vu, ressenti et écouté. Du coup, arrivée chez moi, l’écriture vient assez naturellement car ce trop plein de frissons a besoin de sortir comme un lion sortirait de sa cage, et j’ai littéralement envie d’exprimer ce trop plein . Mon blog est là aussi pour ça.

J’ai toujours aimé écrire. Depuis l’école, je me suis toujours appliquée sur mes cahiers d’écriture. A l’adolescence, j’ai longtemps griffonné sur de gros cahiers à grands carreaux Seyès de 96 pages, qui ont fait office de journal intime, avant de m’essayer à quelques courts poèmes dont l’adolescente complexe que j’étais n’osais même pas parler. J’ai toujours aimé lire, des livres, bien sûr, mais également des magazines, des recueils, des BD, des quotidiens, des journaux, de quoi assouvir ma curiosité grandissante et de me forger une opinion à l’orée de cours de philosophie et des cours de français indispensables et prodigués par des professeurs bienveillants et ouverts sur le monde. Si la note juste de musique est un peu une sorte de Graal pour un musicien, les lettres le sont à mon niveau. J’aime la calligraphie, le pouvoir extraordinaire de coucher sur le papier (et sur l’ordinateur maintenant, même si c’est moins glamour), des lettres majuscules et minuscules, de glisser et d’accueillir des mots, des phrases, qui prennent tournure et deviennent l’expression parfois très imagée de ce qui court dans ma tête et dans mon coeur de midinette.

C’était comme une sorte de rêvasserie à ma portée, qui arrivait à m’extraire d’un quotidien pesant et d’une solitude contrainte. Pourtant, j’ai arrêté brusquement d’écrire à la fin de mes études, la réalité venant me rattraper par le collet. En particulier, par la construction d’un couple et d’une famille venant accaparer mes émotions et tout mon temps. Les occupations voire le boulot de femme mariée, de salariée et de mère de famille ne me laissaient guère de répit pour retourner voir cette page blanche qui m’a toujours attiré. Le prétexte est revenu bien plus tard une fois devenue une femme divorcée, célibataire à plein temps et de travailleuse à charge monoparentale. J’ai découvert que mon temps pouvait enfin s’organiser autrement et lui ouvrir la voie à des activités artistiques inconnues jusque là. Moi qui allait à un concert une à 2 fois l’an, j’ai rattrapé le temps perdu. On peut dire même dans toutes les largeurs, comme si j’avais manqué de respiration pendant toutes ces années. J’ai bu, ressenti, écouté jusqu’à la lie toute la musique qui se présentait à moi, acheté des albums régulièrement et fait des rencontres cruciales pour la suite de mon histoire …. En particulier, celle d’un groupe américain à Londres (qui a eu son heure de gloire) qui m’a ouvert les yeux. Ce fût un coup de foudre instantané à la première oreille de leurs chansons, de leur personnalité, de leur liberté et de leur volonté immense de partager leur projet artistique. Je me suis retrouvée à courir pendant 2 années entières, dans les trains Eurostar, devant les petites scènes et des pubs improbables de Londres et de Manchester (et même sur la Côte anglaise), dans leur studio d’enregistrement, sur les marches d’Earl’s Court pour leur premier Brit Award de Révélation de l’année (qu’ils ont gagné), et le succès aidant pour finir par les écouter au stade de Wembley dont je découvrais l’existence. Deux ans de folies non stop où la vie valait la peine d’être vécue sans regarder le tic-tac de la montre mais uniquement le plaisir de vivre intensément des moments de bonheur artistiques et musicaux que ma mémoire chérit précieusement à présent.
Une fois le groupe séparé, le retour sur Terre a été très violent mais ce n’était rien à côté de ce que j’avais appris, de toutes ces choses avant, pendant, après la construction d’un projet musical, que finalement que tout me semblait possible. Comme d’autres font du macramé, des modèles réduits ou partent en voyage, mon centre vie est devenu non seulement d’écouter la musique mais de la vivre pleinement en concert, au point de faire presque une tournée complète entre 2009 et 2010 avec près de 150 dates en France et en Europe, dans les salles de concerts minuscules ou très vastes, des MJC, des théâtres, des festivals, des show cases et tutti quanti en alliant ma passion de l’écriture….

De fait, je n’ai jamais eu l’impression de faire un effort pour aller écouter un artiste. Sauf que l’accumulation grandissante de notes, de soirées et de nuits sans sommeil réparateur a eu raison de mon enveloppe corporelle. J’ai fini par lever le pied ces dernières années, mais en y regardant de plus près, ces 10 ans ont été du pur bonheur, entre musiques et artistes découverts que j’ai pu voir évoluer au jour le jour, faire des rencontres incroyables et inattendues, réaliser des rêves de gosses, construire des amitiés qui perdurent depuis. Je ne regrette rien. J’ai eu la chance d’avoir un fils qui a compris ma passion et qui ne m’a jamais contraint à dire non tellement il voyait que cela me faisait du bien. Tenir un blog pour partager mes passions a donc été une évidence, et pas un métier, qui m’a permis de poser des mots sur ces moments de vie musicales qui m’ont comblées. J’ai pensé à un moment à faire une école de journalisme. Mais trop âgée et un brin allergique aux modes formatés de pensée et d’écriture convenue, je me suis dit que ma liberté de ton valait autant que celles et ceux pour qui une carte de presse était une clé toute trouvée pour ouvrir facilement des portes.
« Noircir le papier est idéal pour s’éclaircir l’esprit. »
Ces portes, je les ai défoncé à la seule la force de ma volonté, de ma passion, de mon inconscience et de ma naïveté parfois et surtout de ma pugnacité. Bref, je l’aime beaucoup ce gros bébé, parfois envahissant qui a maintenant l’age de raison même si parfois pour écrire je ne suis pas très raisonnable (merci les insomnies). Je fais en sorte qu’il ne devienne pas une grosse machine industrielle, un blog sandwich, et que ce coté artisanal et bénévole reste sa marque de fabrique (et gage d’indépendance et de liberté d’écriture). Car je ne suis pas rémunérée pour le faire. C’est un luxe de pouvoir dire non et de ne pas écrire sur commande.

Depuis 10 ans aussi, il n’est pas si aisé d’obtenir une information fiable et rapide, de se heurter à des barrières d’entourage qui complique les choses. Il y a aussi un turnover assez monstrueux dans certains labels. Cela se retrouve forcément beaucoup dans les infos kleenex et standardisés qu’on nous donne à lire de nos jours, et ça c’est une vraie plaie … La caravane passe, les vieux de la vieille reste, et le reste on s’en tape …. Je prends le soin le plus souvent de recevoir les informations de vrais attachés de presse (je n’ai rien contre les stagiaires, mais changer d’interlocuteurs tous les 6 mois me gave) ou de managers avec lesquels j’ai tissé de vrais liens et qui ont pris le temps et la peine de connaitre mes goûts musicaux. Ou mieux avec l’artiste en direct, et c’est beaucoup moins compliqué.
J’ai appris beaucoup de choses grâce à mon blog et surtout à respecter ce que font les artistes (connus ou peu connus), en diffusant leurs projets, leurs nouveautés et leur actualité sur Internet au plus grand nombre (concerts, sortie d’albums ou d’ EP, de clips ou tout autre support artistique). Cela passe aussi par le respect des fans que je rencontre également, sans lesquels la propagation de la musique serait vaine ! Ces 10 années sur mon blog m’ont donné droit à quelques avantages comme des avant-premières ou des écoutes exclusives, quelques invitations, mais j’ai toujours tenu à me payer mes billets comme tout le monde. Le plus gros avantage étant certainement de faire des rencontres un peu hors du commun (d’artistes que j’admire au plus haut point depuis mon adolescence), d’avoir des échanges nourris et de débats sur le monde de la musique, des moments d’humour et cocasses aussi, mais aussi la fierté de faire découvrir des artistes qui sont au sommet de leur art maintenant. Je les remercie bien sûr ainsi que leur entourage pour leur confiance…
Ecrire sur mon blog, c’est un cadeau de Noël de tous les jours en vrai ! Donc, comme dirait Souchon, « j’ai 10 ans » je vous remercie du fond du coeur de me lire régulièrement ou non, même en diagonale, parce que l’air de rien vous lui permettez d’exister depuis tout ce temps. Alors bon anniversaire aussi à vous !
