Ce Dimanche 28 octobre avait lieu l’avant-première du film Bohemian Rhapsody dans la salle du Grand Rex à Paris. Le Grand Rex proposait une heure d’animations avant la projection du film, avec la possibilité de poser avec le costume jaune canari de Freddie Mercury et d’élire le meilleur cosplay, de faire un karaoké géant sur 2 chansons de Queen choisies par le public de la salle et enfin de participer à un quizz sur le groupe permettant de gagner un lot de goodies du film (photos ci-dessous – Crédit Astrid Souvray). Auparavant, au Royaume-Uni, le Mardi 23 octobre l’avant première mondiale du film s’est déroulé à Wembley, lieu mythique dans lequel le groupe a joué pour le Live-Aid, à Londres en présence des principaux acteurs du film et de deux membres du groupe Brian May et Roger Taylor.
Images de l’avant première au Grand Rex à Paris
Ce serait mentir que de dire que le film Bohemian Rhapsody ne bénéficie pas d’une promotion hors normes. Mais après plus de 8 ans d’attente et de tergiversations sur le rôle titre du film, de Sacha Baron Cohen, qui a renoncé pour divergences artistiques, en passant par Dominic Cooper, Daniel Radcliffe ou encore Ben Whishaw, pour finalement le proposer à Rami Malek, dont la ressemblance est frappante avec le chanteur. De même pour le duo de réalisateur Dexter Fletcher / Bryan Singer, ce dernier ayant claqué plusieurs fois la porte du plateau en raison de mésentente avec l’acteur. Par contre, on ne raconte pas combien les producteurs du film Brian May et Roger Taylor ont cherché à lisser l’image sulfureuse de Freddie Mercury, au prix d’âpres négociations avec l’entourage proche pour en faire un film acceptable et regardable par un public familial.
Parce que c’est cela dont il s’agit. Comment retranscrire plus de 20 ans de carrière du groupe Queen en 2h30 de film sans éviter de faire un énième film hommage documentaire autour du chanteur et mettre le groupe au second plan. Le secret de la réussite du film repose sur 2 choses, la première assez imparable, c’est la bande originale du film qui n’est constitué que des tubes du groupe : We Will Rock You, We’re the Champions, Somebody to Love, Who Wants to Live Forever ou Don’t Stop me Now, à quelques exceptions près (les albums de leurs débuts avant l’album phare « A night at the Opera ») qui vous envoie direct dans le psychédélisme libéré et coloré des années 70, la démesure des années 80 et les années 90 plus sombres. Il est assez difficile de ne pas suivre le rythme effréné assuré par Rami Malek sur scène, et leurs chansons communicatives. Enfin, le film repose presque entièrement sur la performance inouïe de Rami Malek.
Il restitue avec les autres acteurs l’ambiance d’hystérie rock des concerts du légendaire groupe britannique, parvient à captiver l’auditoire en chantant en play-back et lui donner des frissons, voir tirer quelques larmes sur certaines scènes dramatiques du film. Pour la fan inconditionnelle que je suis (depuis 1977, j’ai suivi le groupe jusqu’à la fin, les ai vus 2 fois sur scène, et même adhéré un temps au Fan Club International), j’avais des doutes sur le jeu d’acteur de Rami Malek qui ne soit qu’une pâle copie du chanteur flamboyant de Queen. A l’écran, dès qu’il apparaît en 3 secondes la magie opère. La voix, l’apparence et surtout les regards et la gestuelle de Freddie Mercury sont là, parfaitement exécutés avec un naturel désarmant. Son jeu d’acteur est plus que convaincant, car il donne de l’épaisseur, de la conviction et de la profondeur au chanteur qu’il ‘incarne dans ses moindres détails . Que ce soit dans sa vie normale, avec sa passion pour les chats, l’instrumentiste hors pair qu’il était au piano, sa longue relation avec Mary Austin. Il rend le personnage plus aimable dans ses côtés plus sombres et tragiques, lui confère une humanité profonde dans ces choix drastiques (au détriment de sa vie personnelle) et relève le défi du showman qu’il était sur scène à la perfection.
Un seul regret : l’histoire et l’évolution du groupe sont très romancées et assez raccourcies dans la première partie du film qui met surtout l’accent sur leurs rencontres, leur travail en studio, la création de leur premier tube mondial « Bohemian Rhapsody » et leur management. Ce qui est le point d’intérêt du film, c’est surtout sa seconde partie. Le duo restant du groupe a choisi de mettre l’accent sur la complexité du chanteur, ses doutes, son ambition démesurée, sa quête d’ascension sociale jusqu’au reniement de ses origines, son goût de la fête (Mercury était réputé pour organiser les meilleurs partys du tout Londres dans les années 80) et son difficile coming out qui occupe cette partie du film au détriment du reste du groupe. Je trouve assez étrange qu’il soit à l’origine de la séparation du groupe, quand il a souhaité faire son album solo,et je suis tout aussi surprise par son arrogance (qui cachait une timidité maladive) à ses débuts et ce côté un peu dictateur dans le groupe. Il n’est plus là pour certainement rétablir l’équilibre car je ne suis pas persuadée que le reste du groupe soit resté des saints.
Si Mercury ne l’était pas, il ne l’assumait pas non plus. La façon très poliçée dont ses déboires sentimentaux, ses frasques sexuelles, le VIH qu’il aura caché jusqu’à sa mort, son addiction à l’alcool et à la drogue. sont abordés (notamment l’influence perfide de Paul Prenter, leur homme à tout faire) permet d’avoir une certaine empathie envers le chanteur, et de donner une dimension dramatique au film qui trouve son apothéose quand il apprend qu’il est atteint de la maladie du Sida. Il y a une certaine distance et une discrétion dans le film qui n’abîme pas l’image du mythe Mercury. J’aurai aimé qu’on resitue son combat contre la maladie pour que les gens se sentent mieux concernés par la bataille contre le VIH, et à quel point il est allé jusqu’au bout de ses forces pour donner du plaisir et de la musique incroyable aux gens. Le côte purement divertissement, de show musical est un choix des producteurs. Ce qui permettra certainement au film d’être un succès annoncé.
Pour ma part, j’ai aimé le film, j’y ai appris des choses que je ne connaissais pas sur le groupe et surtout certaines chansons qui replacées dans leur contexte historique ont plus de sens à mes yeux maintenant qu’avant. Il reste que sur certains détails, il y a des faussetés historiques (dans le déroulé temporel, notamment le fait que sa maladie ait été connu après et non avant le Live Aid, ou encore que Brian et Roger ont sortis leurs propres albums solos bien avant Freddie pour ne citer que les plus gros). Freddie Mercury évoquait souvent l’amour, l’abandon et la solitude dans ses chansons, ce qui aura été finalement un manque profond, ce désir d’être aimé et un besoin de reconnaissance qu’il aura cherché toute sa vie. Il reste la musique du film qui est juste dingue et qui vous transporte tout le long du film. Cela rappelle à quel point le groupe Queen était novateur dans la façon d’aborder la musique, n’avait peur de rien, ni de paraître stupides dans leur souhait de toujours se renouveler. Le coté créatif de Freddie est pour beaucoup dans l’évolution et l’ascension du groupe. C’est également un film où l’humour britannique n’est pas en reste, et qui apporte ce grain de folie, un peu de comédie dans Bohemian Rhapsody. On ne voit pas passer le temps jusqu’au bonus à la fin du film, qui recrée le concert Live Aid de 1985, intégralement sur une durée de 20 minutes ! Si vous aimez un tant soit peu la musique de Queen ou que vous êtes curieux de savoir comment ce groupe est devenu ce mythe musical d’envergure planétaire, courrez voir le film.
Synopsis : Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.
Réalisateur : Bryan Singer
Acteurs/actrices : Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker, Gwilym Lee, Joseph Mazzello, Aiden Gillen, Mike Myers, Tom Hollander…
Date de Sortie en salles (France) : 31 octobre 2018
Type : Un biopic à la démesure du groupe Queen et son chanteur Freddie Mercury.
Durée : 2h15
Sauf mention expresse, crédit photos issues de Bohemian Rhapsody le film/Regency/20th Century Fox.
Plus d’infos : Site officiel du groupe Queen – Page Facebook officielle du film
Pour aller plus loin dans la découverte du son Queen, la bande originale constituée de 22 chansons est également disponible (CD et téléchargement digital).
Tracklist :
1. 20th Century Fox Fanfare 0:25
2. Somebody To Love 4:56
3. Doing All Right… revisited (Performed by Smile) 3:17
4. Keep Yourself Alive (Live At The Rainbow) 3:56
5. Killer Queen 2:59
6. Fat Bottomed Girls (Live In Paris) 4:38
7. Bohemian Rhapsody 5:55
8. Now I’m Here (Live At Hammersmith Odeon) 4:26
9. Crazy Little Thing Called Love 2:43
10. Love Of My Life (Rock In Rio) 4:29
11. We Will Rock You (Movie Mix) 2:09
12. Another One Bites The Dust 3:35
13. I Want To Break Free 3:43
14. Under Pressure (Performed by Queen & David Bowie) 4:04
15. Who Wants To Live Forever 5:15
16. Bohemian Rhapsody (Live Aid) 2:28
17. Radio Ga Ga (Live Aid) 4:06
18. Ay-Oh (Live Aid) 0:41
19. Hammer To Fall (Live Aid) 4:04
20. We Are The Champions (Live Aid) 3:57
21. Don’t Stop Me Now… revisited 3:38
22. The Show Must Go On 4:32