Ce(ux) qu’il faut aller voir …

Après la période des fêtes où l’estomac fût roi, il est temps d’aller régaler à nouveau les oreilles pour découvrir des artistes ou revoir ceux qui sont en tournée avec leur nouvel album. Les mois de Janvier et février sont propices pour un redémarrage tout en douceur, et puisque le temps est également printanier, profitons-en pour sortir, aller voir les spectacles et les expositions. Il y a aussi de  belles découvertes musicales à faire. Voici la programmation que je vous propose pour sortir dans les semaines à venir.

Le Samedi 21 Janvier – Guilhem Valayé DélivrezNoo Chansons à Domicile Paris

RESERVATION DISPONIBLE

Tout d’abord, à tout seigneur tout honneur, la chanson française avec l’artisan funambule Guilhem Valayé. Une voix grave légèrement écorchée, une guitare sèche, et des mélodies acoustiques douces sur des textes empreintés de gravité : Guilhem Valayé, est un auteur-compositeur-interprète (mais aussi jardinier et amoureux des plantes et de la nature), issu du groupe de chanson française, 3 Minutes sur Mer avec lequel il a évolué pendant quelques années. Après une incursion télévisuelle à The Voice en 2015, il a également revêtu les habits de comédien en étant le terrifiant Victor dans le spectacle musical Les Souliers Rouges (créé par Marc Lavoine) ou Matthieu (en amoureux de Nana) au cinéma dans le film « Nana et les Filles du Bord de Mer » de Patricia Bardon. Après la fin du groupe 3 Minutes sur Mer (et la publication de 3 albums, dont le très bel opus « L’endroit d’où l’on vient »), il se lance dans une aventure scénique en solo. En 2017, il sort un premier titre en vidéo : « Balcon », à la suite duquel il donnera plus de 150 concerts (chronique à lire ICI).

En 2021, il est le lauréat du prix Grand Zebrock qui l’amène sur la scène de la Fête de l’Humanité. Guilhem Valayé prends également le temps de peaufiner son premier EP. Par le biais du site Ulule, et la générosité de nombreux fans et contributeurs, il crée son label Bleu Productions, s’entoure de fidèles amis et musiciens pour l’enregistrement et la promotion d’un premier EP et dans un temps plus lointain d’un futur album. Le 4 Novembre 2022 sort l’EP de 6 titres dénommé AUBRAC.

Pour présenter l’EP, le superbe clip vidéo « Veux-Tu » (MT image, Caroline Diard et Muriel Thibault aux images) est publié et nous mets directement dans le bain de son opus dédié à sa terre natale, l’Aveyron. Il confirme également son ancrage dans la chanson française à textes finement ciselés et organiques. Il va de dépits amoureux aux messages politiques, en passant par une reprise de Francis Cabrel « Répondez-moi », qui a encore toute son actualité à l’heure des réseaux sociaux. Guilhem se raconte à travers de multiples bosses, et ses chansons se révèlent cathartiques pour cet artiste empli de sensibilité au 1er degré. Il choisit et assume le coté dépouillé et authentique du guitare-voix avec des pointes de claviers et des magnifiques choeurs (Skye, Claire Joseph, Nelly Lavergne, Françoise Fognini) qui subliment les mélodies de ce premier EP.

Ce mini-album est aussi un partage avec les amis artistes et musiciens fidèles, l’amour du travail d’écriture bien fait et la voix d’un artiste qui poursuit sa voie musicale dans la chanson francophone. Après un concert « fleuri » à Paris à Fleur de Toit, Guilhem Valayé entame une tournée depuis l’année passée, et continue ce printemps avec plusieurs dates : vous avez donc le choix de le voir près de chez vous. Parmi ces dates, j’ai choisi un concept original « DélivrezNoo » qui livrent des chansons à domicile avec le support de la Manufacture Chanson : vous choisissez 1 à 5 chansons (nombre à choisir sur le site de la Manufacture Chanson) de son répertoire, le concert intimiste se fait à domicile (de votre choix, mais à Paris) et Guilhem vient chanter dans vos oreilles pour vous le 21 janvier prochain. Pour plus d’infos et réserver vos chansons, il suffit de cliquer ICI. Ne soyez pas timide et tentez l’expérience ! Il ne faut pas tarder car les créneaux horaires partent vite !

TOURNEE PRINTEMPS A DECOUVRIR ICI

POP NIGHT #4 Le Mercredi 25 Janvier avec Arthur Ely, Milena Leblanc Basile Palace & Smiss La Marbrerie à Montreuil

RESERVATION DISPONIBLE ICI

La Marbrerie à Montreuil est un lieu artistique pluridisciplinaire (Salles de concert, cantine – savoureuse -, école, salon de musique ou de danse, galerie, atelier/studio) que j’ai découvert par hasard. C’est surtout un lieu qui organise, en plus de concerts classiques (une chouette programmation à découvrir ICI) des soirées de découverte. La Marbrerie souhaite encourager les jeunes voix de la pop française, souvent au démarrage de leur carrière en espèrant qu’ils feront la pluie et le beau temps de la scène musicale de demain.

Ce Mercredi 25 Janvier, cette scène Montreuilloise bouillonnante accueillera pour sa quatrième édition 4 jeunes talents : Arthur Ely, Milena Leblanc, Basile Palace et Smiss ! Parmi ce line up, je recommande le jeune Arthur Ely, dont le parcours est loin d’être anodin comme sa personnalité sur scène et ses choix musicaux qui ne laissent guère indifférents.

Jusqu’à quinze ans, la vie d’Arthur Ely tourne quasi exclusivement autour du tennis avant qu’un grave accident mette fin à ses velléités de professionnalisme. Pas le genre à faire les choses à moitié, Arthur se met alors frénétiquement à la guitare qu’il “ponce pendant deux ans”. C’est en côtoyant le producteur Jacques, roi de la bricole électronique de haut vol, strasbourgeois tout comme lui, qu’Arthur devient un adepte des machines, sans pour autant délaisser la six cordes que l’on retrouve, électrifiée ou pas, sur nombre de ses compositions. Un moment clé où il se met aussi à écouter du rap, lui qui a été bercé plutôt par le rock ou la soul.

Dans sa chambre avec sa guitare, entre la fenêtre et l’écran de son ordinateur, Arthur concocte des chansons (il est un fervent adepte du cadavre exquis), se construit, pièce par pièce, un univers musical à sa mesure, un monde dont il est fatalement le roi. Un univers peuplé de guitares électriques, de flows de rap, de beats hip-hop, d’une pointe de variété française, et de rimes finement ciselées. Si sa bio le décrit comme un mec lambda (avec une gueule d’ange quand même), il fait surtout figure d’un enfant du 21e siècle où les frontières musicales s’effacent, et où les styles se mélangent sans tabous sur les playlists des plateformes digitales. Arthur Ely incarne le parfait reflet de cette jeunesse jonglant en un clic du hip-hop à la chanson en passant par l’électronique ou le rock.

Repéré fin 2018 avec son premier EP « Standard« , ce jeune homme charismatique de 23 ans affirme une personnalité hors norme, mi-chanteur mi-rappeur. Arthur Ely plante le décor d’une nouvelle étape dans sa jeune carrière. Coup de cœur du Chantier des Francos 2019, Arthur avait allumé au vert les clignotants de curiosité et d’estime avec son projet « en 3 lettres ». Il enchaine les petites scènes parisiennes, jusqu’au Café de la Danse, où il est présenté et soutenu par le dispositif du FAIR en 2020. Je le découvre là mais surtout lors du Festival Avec la Langue dans la salle du Pan Piper en Novembre dernier. J’assiste à une performance lunaire d’un jeune homme qui dépeint la routine de son âge : les galères quotidiennes, la vie dans les petits appartements, la quête de sens, l’angoisse des lendemains qui ne chantent plus. La banalité devient son terrain de jeu. Il l’éclaire avec une poésie dépouillée qui puise dans les petites choses de la vie. et qui s’en échappe pour mieux rêver. Sans cesse réaliste dans ses évocations, Arthur Ely dit quelque chose de cette époque fataliste mais cherche toujours une note d’espoir et d’humour. Il capte toute l’attention avec ses textes mélancoliques ou fantaisistes sur la ligne ténue d’une dépression fatale qu’il rattrape avec un humour ravageur. Arthur Ely est comme les personnages qu’il dépeint souvent désabusés, et à contrario, il est capable de soulever une énergie folle qui surprend son auditoire au travers d’un solo de guitare électrique foisonnant, surprenant, décoiffant … A travers des chansons puissantes et authentiques, il cherche, soulève de grandes questions dans des chansons pleines de simplicité́, esquisse quelques réponses et parvient à nous séduire avec une poésie et une nonchalance hors du commun. au croisement entre la chanson française (à écouter la revisite/reprise étonnante du tube de Daniel Balavoine, « La vie ne m’apprends rien) et la pop moderne.

Arthur Ely a publié 3 singles en 2022, Carte Jeune, Hello et récemment avec la chanteuse Oré, le titre Tunis. Chacun de ses singles sont sortis en clips vidéos qui valent le coup d’oeil pour leur originalité.

Arthur Ely fait déjà figure d’ovni musical ultra talentueux, qu’il faudra suivre avec attention.

Arthur Ely sera en co-plateau avec :

𝐌𝐢𝐥𝐞𝐧𝐚 𝐋𝐞𝐛𝐥𝐚𝐧𝐜
Après avoir collaboré avec Lewis Ofman, Rejjie Snow ou encore Nelick, Milena Leblanc décide de se lancer solo en commençant par une chanson d’adieu : ‘La Noce de Milena’ où elle orchestre sa propre mort par espoir de renaître. La musique offre à l’artiste un remède à l’hyperactivité et à l’impatience de créer. Ses chansons se muent au gré de ses univers intérieurs et inspirent ses envies de films et vice versa. En autodidacte, elle ne prend pas de route précise et fait ce qui lui vient, donnant naissance à une musique hybride kitsch et pop à la croisée de 070 Shake, FKA Twigs et Jane Birkin.

𝐁𝐚𝐬𝐢𝐥𝐞 𝐏𝐚𝐥𝐚𝐜𝐞
Basile Palace, c’est avant tout l’histoire d’un rappeur qui voulait chanter, ou d’un chanteur qui voulait rapper, au choix. Basile, jeune parisien de 24 ans, grandit entre les cours de solfège, la journée, et les entraînements de diction, à travailler son flow en imitant Eminem et Sexion d’Assaut, un stylo dans la bouche, le soir. C’est à ce carrefour musical, celui de son enfance, qu’il a voulu revenir en 2019, en créant son projet Basile Palace. Le résultat est inclassable et intemporel.

𝐒𝐦𝐢𝐬𝐬
Chanteuse et productrice, Smiss nous tisse un univers envoûtant, riche et coloré. Entre R’n’B et deconstructed club, elle vous emmènera loin, au nom des femmes et des rêves mis de côté.

GABEN le Vendredi 20 Janvier 2023 à la Manufacture Chanson à Paris

RESERVATION DISPONIBLE ICI

Trentenaire, aide-soignant à la ville et dans la vie, mais auteur-compositeur-interprète et guitariste dans l’âme, Gaben a aussi poussé (par sa passion de la musique) la porte de l’émission The Voice en Février 2022 et a marqué les esprits en reprenant La Complainte de la Butte et en intégrant la team du chanteur Vianney. Pour celui à qui on a répété « que la musique, ce n’était pas un métier », ce fût surtout l’opportunité de croire en son potentiel d’artiste pour cet amoureux d’Elvis, de country musique et de Richard Hawley et de pousser l’envie jusqu’à produire dans son salon un premier EP prometteur le bien nommé « Inaperçu » (cliquer sur l’image ci-dessous pour l’écouter).

Et si l’aventure de l’émission terminée, Gaben n’a pas lâché l’affaire, d’autres professionnels de la chanson française lui ont décerné l’hiver dernier le Prix Georges Moustaki (parmi le jury, Dick Annegarn en président et la chanteuse Emma Peters). Un cap est donc passé, mais il lui reste à en passer d’autres comme celui de la scène. J’étais présente au Prix Moustaki et (avec le groupe Belfour), il m’a bluffé : en guitare voix, avec sa mèche très Elvis et sa fidèle Fender Bleue en bandoulière. Avec sa voix grave et profonde, Gaben diffuse subtilement une émotion intense, des frissons, qui ont touché le public (dont moi) et les membres du jury. La présentation de son premier clip vidéo « On m’a menti » a fini de nous conquérir pour la justesse du propos, la mise en scène sans fards, d’une sobriété saisissante, et surtout une évocation dépouillée de son quotidien difficile. La magnifique voix de Gaben, la vocation intense de l’artiste, et sa passion de la chanson française sont autant de points positifs qui laissent à penser qu’il fera son chemin si on lui accorde l’attention et l’écoute qu’il mérite. Autant de raisons pour venir le voir pour sa première scène parisienne, à la Manufacture Chanson le Vendredi 20 janvier 2023. Gaben sera en co-plateau avec les lauréats et excellents Belfour récompensés lors du Prix Georges Moustaki.

Ndlr : Gaben participera le 3 mai prochain à la nuit consacrée à Georges Moustaki (concert hommage marquant les 10 ans de sa disparition) à l’Olympia aux côtés de nombreux artistes comme Cali, CharlÉlie Couture, Pauline Croze, Yvan Cujious, Joel Favreau, Maria Teresa Ferreira, Élodie Frégé, Yves Jamait, Agnès Jaoui, Kent, Angélique Kidjo, La Grande Sophie, Cyril Mokaiesh, Mouss et Hakim.

MATTHIS PASCAUD & HUGH COLTMAN le Jeudi 9 Février à La Maroquinerie Paris

EVENT FACEBOOK / RESERVATION DISPONIBLE ICI

J’ai découvert Hugh Coltman en 2008, et cela a été un vrai et fort coup de foudre musical ! Ses albums du très folk-pop « Stories from the Safe House » au Jazzy « Who’s Happy » sont de vrais bijoux tant pour les mélodies dans la plus pure tradition de la musique anglo-saxonne que pour les textes. A mon avis, il est l’un des dignes héritiers des crooners du Jazz du Rat Pack américain (Frank Sinatra, Dean Martin, Sammy Davis Jr), avec sa superbe voix suave et enveloppante. Auparavant, Hugh Coltman a officié comme chanteur fondateur et leader du groupe de blues rock The Hoax de 1991 à 1999 aux côtés de Jesse et Robin Davey, Jon Amor et Mark Barrett. Le groupe publie quatre albums dont un en public, tourne en Europe, aux USA et en Australie, côtoyant John Lee Hooker, B.B. King et Buddy Guy. Après la séparation de The Hoax en 1999, Hugh Coltman s’établit à Paris et comme auteur-compositeur-interprète à partir de 2008 (auparavant il collabore avec Heez Bus). Il publie 5 albums studio jusqu’en 2018, dont les 2 derniers sont orientés vers le Jazz et la musique de la Nouvelle-Orléans. Il est nommé Voix de l’Année en 2017 aux Victoires du Jazz.

En septembre 2022, il s’est associé avec Matthis Pascaud (guitariste du groupe Square One) dans la production d’un nouvel album « Night Trippin’, un hommage aux albums 60-70’s de la musique haute en couleur de Dr John, légende de la Nouvelle Orléans. Avec son groupe Square One, le guitariste et compositeur Matthis Pascaud a déjà démontré l’étendue du terrain de jeu sur lequel il déploie son insolent talent, entre jazz et rock. Des contrées que le crooner anglais Hugh Coltman a aussi arpenté, de ses débuts du côté du blues à ses plus récentes aventures en contrée jazz, et notamment à la Nouvelle Orléans, où il conçoit son album Who’s Happy? en 2018, riche en cuivres et couleurs locales. Pas étonnant, donc, de voir aujourd’hui les deux musiciens se pencher ensemble sur le répertoire du bouillonnant pianiste et chanteur américain Dr John, qui fixa la Nouvelle Orléans sur le planisphère rock à la fin des années 1960, avec un mélange détonnant de rhythm’n’blues, funk et soul, irrigué par le folklore vaudou. Une ambiance électrique à laquelle le jeu de guitare vif de Matthis Pascaud et la voix suave de Hugh Coltman rendent justice de la plus élégante des manières. Après un excellent accueil de l’album par le public et la presse/radio Jazz, le duo revient à Paris le Jeudi 9 février à la Maroquinerie. Immanquable.

Le Mardi 14 Février THOMAS NAIM QUARTET au Zèbre de Belleville à Paris

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Guitariste, compositeur et producteur, Thomas Naïm débute la guitare à l’âge de 12 ans. Influencé tout d’abord par le Rock, il s’intéresse par la suite à de nombreux courants musicaux : le Funk, la musique brésilienne, le Reggae ou encore les musiques électroniques pour enfin se passionner pour le Jazz.

C’est après un stage d’été au Berklee College of Music de Boston et des cours à l’American School of Modern Music à Paris, que Thomas Naïm fonde avec la chanteuse Joyce Hozé le duo Tom & Joyce . Influencé par la MPB, la bossa nova des 60’s et le jazz, le groupe enregistre deux albums : « Tom & Joyce » sorti en 2002 (Yellow/east west) et « Antigua » en 2005 (Yellow/Discograph) dont certains morceaux seront remixés par des producteurs de dance music (Masters At Work, François Kevorkian ou Bob Sinclar).

Par la suite Thomas Naïm sera sollicité pour accompagner sur scène ou en studio de nombreux artistes venant d’horizons parfois très différents parmi lesquels Hugh Coltman, Hindi Zahra, Youn Sun Nah, Sebastien Tellier, Ala.ni, Mayra Andrade, Tiken Jah Fakoly, Blick Bassy, Idrissa Diop, Bob Sinclar, Salomé de Bahia, Brisa Roché, Bernard Lavilliers, Albin de la Simone, Michel Fugain, Claire Diterzi, Renan Luce

C’est au titre de co-compositeur et co-arrangeur qu’il participe à plusieurs chansons de l’album d’Hindi Zahra « Handmade » (Blue Note/EMI) récompensé en 2010 par le «Prix Constantin» et une «Victoire de la Musique» pour le meilleur album de musiques du Monde. Il co-arrange avec les producteurs anglais Jonathan Quarmby and Kevin Bacon (Finley Quaye, Ziggy Marley…) la plupart des chansons de l’album «African Revolution» (Barclay/Universal) du chanteur Tiken Jah Fakoly. C’est en 2011 qu’il crée un quintet composé du bassiste Marcello Giuliani, du pianiste François Faure, du batteur Raphaël Chassin et du tromboniste Daniel Zimmermann. Il enregistre l’album instrumental « DUST » dont la musique, composée par ses soins, et tire ses inspirations à la fois du blues/rock et du jazz moderne.

En 2013 il rejoint la tournée de Claire Diterzi  pour l’album « Le salon des refusées » (Naïve). En 2014, sort « Dernier rappel » de Tiken Jah fakoly sur lequel il figure en tant que guitariste, bassiste et compositeur.  Côté scène, il accompagne la chanteuse Cap-verdienne Mayra Andrade, pour une tournée qui se prolonge jusqu’en 2016. En 2015, il participe à la comédie musicale « Dirty Dancing » et rejoint  le groupe de Hugh Coltman pour la tournée « Shadows : songs of Nat King Cole » qui durera plus de deux ans. Le groupe se produit dans les plus grands festivals de jazz, notamment à Jazz in Marciac, Jazz à Juan ou Jazz à Vienne concert qui figure sur l’album « Shadows : songs of Nat King Cole Live at Jazz à Vienne ». Entre 2016 et 2018, Thomas accompagne la chanteuse anglaise Ala.ni (Montreux Jazz Festival, Northsea Jazz…).

Thomas Naïm publie en novembre 2018 l’album « DESERT HIGHWAY » enregistré en trio avec Marcello Giuliani à la contrebasse et Raphaël Chassin à la batterie. Un album entre jazz, blues et folk, évoquant autant Ry Cooder que l’esthète Bill Frisell, puis un nouvel opus en novembre 2021, en trio, « SOUNDS OF JIMI » (Rootless Blues/L’autre Distribution), un album qui rend hommage au guitariste américain Jimi Hendrix  avec en invités Hugh Coltman, Erik Truffaz, Célia Kameni et Camille Bazbaz. Il participe à l’enregistrement du prochain album de la chanteuse coréenne You Sun Nah « Waking World » dont la sortie est prévue pour janvier 2022. Le prochain album « On the Far Side » est prévu pour le 3 février 2023, et un single « Kite » extrait de cet album est déjà disponible (clip vidéo ci-dessous). Le 14 février, Thomas Naïm en quartet fera la release party de ce nouvel opus sur la scène du Zèbre de Belleville. Si vous êtes amateurs de musique Jazz et de guitare électrique, vous ne serez pas déçus en allant le voir sur cène avec ses nouveaux titres !

Du 30 Janvier au 27 Février – Festival Les Nuits de l’Alligator à Paris et dans toute la France

RÉSERVATIONS DISPONIBLES ICI

J’ai assisté à la première édition des Nuits de l’Alligator en 2006 (ca ne date pas d’hier), et force est de constater que depuis cette époque cet évènement a le flair pour de révéler les nouveaux talents, mettre en avant artistes venus d’horizons très lointains ou offrir une visibilité à ceux qui le sont moins, puisque depuis y sont passés des artistes aussi différents et reconnus que Asaf Avidan, Dick Anegarnn, Parlor Snakes, King Buiscuit, Sarah Mc Coy, Local Natives, Emily Jane Whites ou la Maison Tellier. Organisé par l’association éponyme de Xavier Decleire, Jean-Christophe Aplincourt, Stéphane Deschamps, Olivier Poubelle (pour Astérios Spectacles), et Rodolphe Varlet (La Maroquinerie), l’originalité et la force de ce festival est qu’il est itinérant, s’étire sur un mois, avec 9 groupes à travers toute la France en janvier et février 2023 et se déroule dans 13 salles à travers l’Hexagone :

Ce festival s’intéresse à tous les styles de musique, le rock de l’Amérique profonde, la Soul, la pop funky, le Blues avec 9 artistes d’Horizons très différents, de la France, de la Turquie, des USA. Si vous aimez la musique qui sort des sentiers battus de la variété et d’artistes archi connus, Les Nuits de l’Alligator sont fait pour vous !

J’ai jeté mon dévolu sur les artistes suivants à ne pas manquer lors du festival :

STAPLES JR SINGERS

Non, ce ne sont pas les légendaires Staple Singers de Pop et Mavis, la famille royale du gospel funky. Mais c’est tout de même un pur et merveilleux groupe de gospel du Mississippi, dont l’histoire ressemble à une fable. Dans les années 70, ces Staples Jr Singers étaient très jeunes et chantaient dans les églises autour d’Aberdeen, Mississippi. Leur unique, obscur et excellent album (enregistré en 1975 à Tupelo) a été réédité début 2022, ce qui a permis aux trois membres du groupe de se reformer et reprendre la route, au-delà des frontières et des églises du Mississippi. Une vraie résurrection. Façon Como Mamas, ces Staples Jr Singers toujours vaillants incarnent the real thing, la musique rustique, authentique et soulful du sud des Etats-Unis.

Le 30 Janvier à la Maroquinerie, mais aussi à Rouen, Lorient, Orléans, Dijon et Nancy : https://www.nuitsdelalligator.com/release/staples-jr-singers/

ALIAS

Le premier album d’Alias s’appelle Jozef, avec un Z qui veut dire zozo. Car c’est un drôle de zozo que ce français Emmanuel Alias, compositeur pour le cinéma et la télévision, intermittent au québécois Cirque du Soleil, et qui déboule aujourd’hui des Amériques avec ce disque de happy freak. Un joyau brut, kaléidoscopique et aux arêtes coupantes, de heavy blues funky et de pop psychédélique sans limites. Bruitiste et synthétique, dansant et drogué, cet album évoque à la fois les Thee Oh Sees, les Butthole Surfers, Prince et Beck de son vivant. Cathartique et horrifique, la musique d’Alias garantit sur scène des coups de chaud et des sueurs froides, mais jamais rien de tiède.

Le 18 février à la Maroquinerie et aussi à Angers, Vannes et Amiens : https://www.nuitsdelalligator.com/release/alias/

DES LIONS POUR DES LIONS

Le seul défaut des Nuits de l’Alligator, c’est de se dérouler chaque année pendant la période de Mardi-Gras. Les meilleurs fanfares sont alors réquisitionnées à la Nouvelle-Orléans. Mais avec Des Lions pour des lions, on a trouvé mieux qu’une meilleure fanfare. Une fanfare brute, punk, free et techno, composée de seulement quatre musiciens, mais qui semble avoir dévoré les sons de transe du monde entier, et les recrache dans une explosion de volcan. La formation est insolite : deux cuivres, un tambour du Rajasthan, une guitare électrique bluesy et du chant frénétique. Basé à Angers, le groupe se montre aussi bon dans la rue à l’arrache que sur une scène. Il fait trembler la terre, décroche la lune, appelle à la transe primitive et cosmique. Des Lions pour des lions promet d’être la révélation inoubliable du festival.

Le 23 février à la Maroquinerie et aussi à Rouen et Tourcoing : https://www.nuitsdelalligator.com/release/des-lions-pour-des-lions/

VICIOUS STEEL

Des pompes à essence vintage sur la pochette de l’album Fuel Band… Un morceau qui s’appelle Gas Station… Une guitare dont la caisse de résonance est fabriquée avec un jerrycan… Ok, Cyril Maguy, alias Vicious Steel, n’avait peut-être pas anticipé la flambée du prix du carburant quand il a commencé à jouer du blues. Depuis le sud-ouest français, c’est à ça qu’il carbure, au blues organique, thermique, inflammable mais aussi électrique, branché sur le hill country hypnotique du nord du Mississippi comme sur le boogie sudiste funky. Sur scène, Vicious Steel se décline du solo au full band avec cuivres et harmonica. Pour sa première participation aux Nuits de l’Alligator, le groupe débarque le réservoir à moitié plein, en trio guitare-basse-batterie. Et il ira loin.

Le 27 février à Paris à la Maroquinerie et aussi Clermont Ferrand, Nantes, la Rochelle, Rouen et Tours : https://www.nuitsdelalligator.com/release/vicious-steel/

FRANCOIS-HENRI AUX ETOILES LIVE REPORT

Paris, le 9 décembre, le temps est très froid et pluvieux. Mais malgré cette météo repoussante, je suis très motivée pour aller voir chanter François-Henri aux Etoiles pour son premier concert parisien en tête d’affiche. L’artiste a fait monter le curseur très haut, il a envie de rencontrer son nouveau public, qu’il a à peine effleuré au moment de l’émission The Artist. Très présent sur les réseaux sociaux, en particulier sur Instagram, il a souvent exprimé son envie de dialoguer avec son public. Il a d’ailleurs partagé les répétitions et quelques images de son studio. Le point d’orgue a été de dévoiler la pochette de l’album « Nouvelle Ville », jusque-là disponible en streaming, en une version album vinyle à l’occasion de ce concert. Le disque est de couleur blanche comme son costume de scène, qu’il promet de dédicacer après son concert.  J’avais déjà partagé tout le bien que je pense de cet artiste, de sa musique dans cet article (A LIRE ICI) et franchement l’épreuve du live me semblait très importante. Mes attentes étaient de voir François-Henri dans l’énergie, le partage, de ne pas rester vissé à son piano et de découvrir sa vraie personnalité derrière l’image un peu lisse qu’il peut projeter. Puis, c’est aussi la promesse de redécouvrir ses chansons arrangées spécialement pour la scène, avec peut être des invités ou écouter de nouvelles chansons.

Quand j’arrive aux Etoiles, je suis en avance. La salle est un peu vide, le merch est déjà prêt et j’en profite pour me procurer cet album vinyle dont il a tant parlé. Le public arrive au fur et à mesure dans la salle. C’est plutôt un public jeune, de trentenaires, et par ci- par là, quelques personnes plus seniors. Il y a ausii le public fait d’amis et de la famille de François-Henri venus soutenir en force l’artiste, mais aussi un public de fans, et du milieu de la musique comme Didier Varrod (qui l’a déniché, et qui est devenu Artiste France Bleu « Révélation 2020/2021), des artistes de l’émission The Artist. Ce public très diversifié est plutôt bon signe.

La scène tombe dans le noir vers 20h45 avec l’arrivée de la première partie, Leslie Medina. Elle est comédienne et a été révélée dans plusieurs téléfilms, et le film Camping 3 et Mon Poussin. Elle ajoute une nouvelle cordeà son arc en tant qu’interprète. C’est une artiste que je découvre pour la première fois sur scène, je comprends aussi que c’est la même chose pour elle sur cette scène parisienne  des Etoiles.

Elle vient chanter et dévoiler les compositions de son premier EP « Bon courage » qui sera publié le 28 janvier 2022. Elle est accompagnée d’une instrumentiste, Alix (guitare  basse et claviers). Elle démarre par la chanson « Sous Emprise », une chanson très rythmée, très Dance,  alors que le texte est plutôt grave, parle d’une femme sous emprise. Elle est vêtue tout de rouge imprimée, façon vintage, d’un haut court, et d’une mini jupe qui met en valeur son physique de jeune femme. La voix est jolie, un peu cassée, dans une tonalité grave,  et très agréable à écouter. Son background d’actrice est un atout, qui lui permet d’être assez à l’aise sur scène, elle s’exprime avec sincérité sur la voix musicale qu’elle a choisi et présente ses chansons de façon argumentée et cohérente avec son parcours personnel. La  prestation scénique est  plutôt très convaincante. Le titre « Encore Heureux » par sa belle mélodie et son texte m’a bien plu. Elle chante également un titre inédit « T’iras Où » (dont elle ne sait pas si il figurera sur l’album) , et  qui traite  du manque de confiance en soi (dont pourtant elle ne semble pas manquer).

Retrouver Leslie Médina sur les réseaux sociaux : Instagram – FacebookTwitter

Tout comme le premier titre, c’est assez dansant avec un texte sur la fragilité. Ses fans sont venus en nombre et reprennent ses chansons depuis la fosse. La chanson « Venise » qui est déjà publiée en single, parle sur le devenir  d’une relation amoureuse qui s’étire en parallèle de ce voyage désiré à Venise sous les eaux. Ce  titre aux claviers m’interpelle un peu plus car il me semble plus authentique, personnel et sensible. La chanson « Matrie » est orientée plutôt sur le mouvement récent de la libération de la parole des femmes avec #metoo et l’espoir affirmé que la place des femmes soit différente et en avant. Le titre « Matrie » est la version féminisée de la Patrie et de ses enfants qu’elle divise en genres. Le titre me semble très percutant et visionnaire. La dernière chanson « Amours imaginaires » qui sera son prochain single, développe l’idée d’amour très virtuel où elle décide des plaisirs qu’elle y trouve. C’est plutôt osé et original. Leslie Medina est une jeune et jolie femme qui met en avant ses valeurs féminines et féministes à la fois, qui parle d’amours fragiles tantôt mélancoliques et tantôt énergiques. Il faut dépasser la posture esthétique de cette chanteuse en devenir et accorder une vraie écoute d’un futur premier EP qui s’annonce très prometteur, tout comme sa performance live aux Etoiles. J’espère que 2022 verra l’éclosion de cette superbe chanteuse au talent affirmé.

Après cette première partie très joyeuse, dansante et rempli de bienveillance, c’est au tour de François-Henri  de monter sur la scène des Etoiles. Le concert affiche complet (avec une capacité de 500 personnes).  Il arrive par le côté de la scène et vêtu d’un costume blanc, celui de son disque, arborant un immense sourire, les bras levés, il salue la foule. Il est accueilli par un public hyper chaleureux et qui le porte déjà telle une rock star. Beaucoup de bruit, de personnes qui crient son nom, des applaudissements très nourris, il est déjà ovationné alors qu’il n’a même pas encore chanté. La soirée promet donc d’être festive et intense avec ce super accueil. François-Henri   prends le temps de saluer son public comme sur scène de théâtre, puis s’installe directement derrière son piano blanc.

Nous avons droit à une superbe intro instrumentale au piano sous de très belles lumières, avant qu’il interprète le premier titre « Nos Initiales ». Pas de réelle surprise, c’est le François-Henri  qu’on connait à son piano, bien droit, les mains glissant sur cet instrument qui a changé sa vie. Il est incroyablement très à l’aise, je ne perçois presque aucun trac, et la volonté d’interpréter ses chansons différemment qu’en studio. Je suis assez subjuguée non seulement par la chanson mais aussi cette sérénité qu’il arrive à transmettre. Il enchaîne avec la chanson « Parler à Personne ». Visiblement, cette chanson est un déclencheur. Ce single interprété à la TV a visiblement fait des émules. Certaines personnes devant la scène reprennent la chanson à tue-tête, encouragé par François-Henri   lors du refrain. La soirée est vraiment lancée. Pour moi, c’est un peu perturbant dès les premières chansons de voir un public si impliqué. J’ai souvent l’habitude de voir en concert le public rentrer tout doucement en communion avec l’artiste. Ici c’est loin d’être le cas, comme si il avait été attendu avec beaucoup de ferveur. Sous les vivats, François-Henri   termine son premier titre. Il se lève et dialogue immédiatement pour nous proposer une nouvelle chanson, debout sur scène.

Je suis à la fois contente et soulagée de le voir ainsi face au public, très en demande de l’artiste et de le voir lui très heureux de ce partage, sans l’intermédiation constante de son instrument. Visiblement, cette fois-ci, le trac est là, car il se reprend à deux fois avant de démarrer la chanson tout en demandant si nous allons bien. Cette nouvelle chanson s’appelle « La Belle et la Fête », clin d’œil au conte version 2021. C’est une chanson dansante avec laquelle François-Henri  découvre ses talents de danseur avec une petite chorégraphie improvisée sur cette chanson. Il avait expliqué en interview qu’il adorait danser, et visiblement c’est le cas. Il est très à l’aise sur scène pour tournoyer et faire quelques pas de danse. La chanson est une histoire d’amour sans issue mais qu’il transmet sur un air de fête. D’ailleurs,  il danse jusque devant piano avant de la terminer sur le clavier ; cette chanson est vraiment chouette, avec un côté chanson d’été, que j’imagine très bien sur son prochain futur  album.

Pas de temps de morts sur ce concert, François-Henri  s’installe à son piano et égrène les notes d’un air bien connu avant de lancer « Je commence par la mélodie, comme ça vous la reconnaissez». Et blagueur, il rétorque « Jul ». Rires.  C’est le moment de la reprise. François-Henri  avait demandé sur les réseaux sociaux quel titre son public souhaitait voir reprendre sur scène. Il y a eu beaucoup de retours et des propositions très variées et l’une d’elle était la chanson de Johnny Hallyday (composé à l’époque par Michel Berger, coïncidence, je ne crois pas !) « On a tous quelque chose de Tennessee ».

C’est le délire dans le public qui reconnait instantanément la chanson, et c’est aussi un des moments forts du concert. François-Henri  n’est jamais aussi bon que lorsqu’il reprend des chansons qui ont bercé son adolescence, qui le touche et qu’il souhaite rendre hommage aux artistes qu’il a écouté plus jeune. Cela semble être le cas pour cette reprise. Cette version piano-voix le trouble au point qu’il stresse sur une des paroles ; C’est tellement beau et fragile que le public le ressent et chante encore plus fort le refrain. C’est vraiment un bel  hommage rendu à Johnny Hallyday qui a disparu depuis maintenant 4 ans. Cette chanson a un vrai pouvoir sur le public, qui n’arrête pas de chanter en même temps que François-Henri. C’est un moment de communion intense, de partage émotionnel palpable, entre toutes les générations présentes au concert.

Après de beaux applaudissements, François-Henri invite Leslie Medina (qui a assuré sa première partie) pour un duo su scène. Elle s’avance avec une petite robe blanche imprimée (raccord avec son costume) et des bottes noires. On la sent intimidée et fière à la fois de ce partage inédit. Mariage improbable de leurs voix autour du piano qui fonctionne pourtant à merveille. Cette première invitée sur scène en annonce bien d’autres, telles des surprises bien gardées. Mais auparavant, François-Henri continue sur la lancée des chansons calmes, avec 2 titres que j’aime particulièrement sur l’album. Tout d’abord, « Nuit Blanche », une chanson un peu périlleuse dans son répertoire, quand on connait l’histoire que cause cette nuit particulière. Moments suspendus, d’une incroyable fragilité, de sentiments mélancoliques et tristes à la fois mais avec beaucoup de pudeur. Pour une fois, le public se calme à point nommé percevant l’émotion de François-Henri. La voix tremble de façon imperceptible tout le long de la chanson. J’avoue avoir été secoué à ce moment du concert, d’autant plus qu’elle évoque la nuit de Décembre où a lieu cet évènement tragique. Un moment de gravité dans ce concert plutôt joyeux depuis le début et la demande de François-Henri qui demande l’aide du public pour terminer la chanson avec lui en dit beaucoup sur son état d’esprit. Ce côté sensible de François-Henri touche beaucoup.

Pour éviter de  tomber dans la dépression après cette chanson bouleversante, François Henri lance les hostilités avec sa chanson phare « Bombay Sapphire ». Elle est terrible cette chanson, car tout le monde la connait par coeur et la chante. Au piano, elle est porté par lui comme un porte-voix, une sorte de bannière style « We are the Champions » à la sauce François-Henri ! Cette alerte à la Bombay Sapphire, c’est vraiment très hot et le public se déchaine sur ce titre. Quand on l’entend en streaming, on se doute de son potentiel en live. Mais sur la scène des Etoiles, cette chanson se revèle être une bombe musicale, il le vivre pour le croire…. C’est ici l’autre moment clé de ce concert qui livre bien des surprises. Il se lève et se penche sur la scène pour haranguer le public sur le refrain. La légende de l’homme au piano debout comme l’était un certain Elton John prend absolument tout son sens. François-Henri se déchaine sur les touches blanches et noires, debout avec des lumières incandescentes sur lui et son piano. C’est un moment paroxystique qu’un artiste et son public recherchent et vivent sans limite aucune.

Ce concert est un ascenseur émotionnel, sans temps morts avec François-Henri qui maintient une énergie en scène sans faille. En parlant d’ascenseur, c’est le nom du prochain titre, un nouvel inédit (on est vraiment gâtés ce soir),  interprété à nouveau debout face au public. François-Henri chanteur jusqu’au bout, assumé comme tel, qui bouge comme personne, avec une choré toute personnelle où tous ses membres participent, les mains en l’air,  jambes comprises, tout bouge. Il vit ses chansons pleinement et ça fait plaisir autant à voir qu’à écouter. Une chanson qui parle de panne d’inspiration plutôt mal vécue, ultra rythmée et bien sur avec la mélodie qui va bien au piano, mais pas que. Il se penche vers la fosse et fait monter sur scène le chanteur Dani Terreur qui se saisit d’une guitare électrique pour nous délivrer un solo de guitare épique. Les lumières qui explosent sur scène, un Dani Terreur en transe sur sa guitare aux côtés de François-Henri sur son piano, c’est assez improbable  mais ça  fonctionne vraiment bien voire très incroyable à vivre.

C’est varié, c’est fougueux, ça donne la pêche, et je commence à me dire que tout ce concert a tellement été pensé comme une bombe scénique où l’ennui ne devait pas avoir sa place.

Nouvelle illustration avec l’artiste, Fils Cara, transfuge de l’émission The Artist et rappeur de première, qui rejoint François-Henri sur la scène pour une version particulière de  la chanson « Nouvelle Ville ».

« Nouvelle Ville » est à mon avis LA chanson de l’album qui est la plus percutante en termes de mélodie, de rythme et de story telling. J’avoue l’avoir passé en boucle pendant très longtemps au point de connaitre les mots par cœur. J’imagine que c’est le cas du public qui reprend de la même manière cette chanson très influencée Michel Berger au niveau mélodique. Toujours face au public, François-Henri n’a pas vraiment besoin de demander au public de chanter, car il le fait très naturellement avec ce tube. Au moment du refrain, toute la salle des Etoiles reprend à tue-tête et hurle beaucoup plus qu’il ne chante. Cette belle communion autour de « Nouvelle ville » est très plaisant à voir. Au milieu de la chanson, il se lève et on voit qu’il prend un super pied avec le public qui crie comme des fous. Il joue du piano debout  (vous avez la référence France Gall ?!) aussi comme un dingue, et déchaine le public. J’ai le cœur au bord de l’explosion tellement c’est intense. L’ascenseur émotionnel est au maximum, bien au-delà de la scène des Etoiles.

Fils-Cara et François-Henri

Pour bien achever d’enfoncer le clou, Fils-Cara vêtu d’un pull-over rouge du plus bel effet, monte sur scène et délivre une performance haute en couleurs sur la chanson « Nouvelle Ville » revisitée pour la circonstance. C’est inattendu, couillu et finalement ce remix version rap est vraiment excellent.

La fin du concert approche et c’est le moment où François-Henri remercie tous les gens, qui l’ont accompagné sur le parcours de cet album, son manager Baptiste, son producteur Marlon B, son attachée de presse Alice Casenave,  les équipes d’Auguri, d’ELP, la team Idol, Nagui et Leila de The Artist, bien sûr, et sa famille proche et sa femme sous les vivats de la foule.

Il manque tout de même une chanson, « Gibraltar », qui ferme la marche du concert. Il déclame « L’amour est mis à mort ce soir », sous la lumière rouge des Etoiles, donnant  une ambiance très spéciale, comme dans une scène tragique. François-Henri est très théatral dans ses gestes et le public reprend la chanson comme un seul homme pendant tout le concert. Le seul point qui m’a gêné est de ne pouvoir entendre la nuance des arrangements parmi le brouhaha, et d’un point de vue acoustique, certains sons étaient parfois inaudibles car saturés.

Cela n’a pas empêché François-Henri de bouder son plaisir et de descendre dans la fosse pour prendre un bain de foule bien mérité. A la fin de la chanson, un petit moment particulier très touchant avec une de ses plus jeunes fans, une petite fille qui n’a pas décollé son regard de la scène et qui est monté aux côtés de François Henri pour chanter quelques paroles de la chanson. C’était très mignon et j’imagine qu’elle a dû vivre intensément ce moment magique et surprenant. Elle a d’ailleurs  été très applaudie.

Le concert se termine avec un rappel mémorable sur la chanson «  Bombay Sapphire » en piano voix, où l’on sent que François-Henri lâche tous les chevaux et toute l’énergie dont il est  encore capable pour terminer en beauté. Les jeux de lumières sont vraiment incroyables pour ce rappel.

Il est difficile de résumer ce concert tellement il a été riche, avec une générosité musicale et scénique de la part de François-Henri qui ne s’est jamais démentie. Comme dirait l’expression, il a tout donné sur scène, il a vécu ce partage avec le public de façon époustouflante sans laisser une miette d’ennui s’installer. Enfin, et surtout, sa performance est à l’opposé de l’image tranquille et lisse de la cover rose bonbon de l’album. François-Henri est plus qu’un chanteur, un pianiste, un artiste bouillonnant : il a démontré ce soir qu’il était un vrai performer de la scène, embrassant tout l’amour du public pour mieux le lui donner.

Retrouver François-Henri sur les réseaux sociaux : InstagramFacebookYoutube

L’album « Nouvelle Ville » est disponible et en téléchargement sur Bandcamp.

Photos du concert à visionner ci-dessous (Copyright Astrid Souvray / Pirouettes Sonores – Tous droits réservés)

JON BATISTE AU DUC DES LOMBARDS (LIVE REPORT)

J’avoue ne pas savoir grand-chose sur l’artiste Jon Batiste jusqu’au soir du 4 juin 2021 quand l’émission Quotidien a la bonne idée de le  faire venir pour interpréter la chanson « I need you » en live (qui me fait swinguer sur mon canapé)  et surtout l’interviewer ( à revoir ICI) en tant que compositeur talentueux de la B.O. du dessin animé « Soul » signé  Disney avec lequel il a gagné l’Oscar et le Golden Globe de la meilleure musique de film. Il présente également son album « We are » qui est disponible sur les plateformes digitales  en France.

Le personnage me séduit d’emblée : il est spontané, souriant, bouge comme personne, il donne la pêche, il respire la bienveillance et la musique transpire de sa personne. Durant l’interview, on apprend que son grand-père parlait français, et qu’il veut rendre plus actuel ce qui s’est fait ses 400 dernières années en musique. La musique est pour lui une langue universelle qui vient du fond du cœur, où tout le monde peut s’y retrouver. Quand on lui dit qu’il est ultra doué, il répond modestement qu’ il faut prendre le don qu’on a reçu à sa naissance, le transmettre aux gens et « se remuer un peu le derrière » !

Pour lui, le Jazz, c’est la vie, c’est ce qui se passe, c’est la spontanéité, quand  on rencontre une personne magnifique, on voit quelqu’un qu’on a jamais rencontré auparavant,  on a une super conversation avec elle, si on a une mauvaise journée, c’est ça le Jazz. Il a pour projet de monter une comédie musicale  sur Jean Michel Basquiat à Broadway. Il évoque également la fanfare de St Augustine High School qui figure  dans la chanson « We are ». C’est un lycée un peu spécial où la majorité des personnalités politiques, des musiciens, de grands entrepreneurs de la communauté noire de New Orléans sont passés par là.

 À 34 ans, Jon Batiste  a déjà un parcours atypique et riche. Diplômé de la prestigieuse Julliard School of Music, ce New-Yorkais – qui a d’ailleurs inspiré le personnage principal de Soul – est considéré comme le nouveau prodige de la musique. Jon Batiste sait tout faire : pianiste virtuose, compositeur, chanteur, chef d’orchestre, directeur musical, éducateur et personnalité de télévision, Jon Batiste a passé sa carrière à ramener la musique à ses racines : proche de son public. Il a développé une aisance dans la musique jazz et populaire en collaborant avec Wynton Marsalis et Prince. En 2015, il est nommé d’orchestre et directeur musical du talkshow « The Late Show With Stephen Colbert ». Un nouveau tournant s’offre à lui en 2020 en apparaissant à plusieurs reprises dans la bande originale du film d’animation « Soul » (Pixar), ce qui lui vaut de nombreuses récompenses aux Grammys, aux Golden Globes, aux BAFTA et bien d’autres, aux côtés de Trent Reznor et Atticus Ross.« WE ARE » (Verve Records), le dernier album studio de Jon Batiste parait en mars 2021.

Un opus qu’il proclame comme « le point culminant de sa vie jusqu’à aujourd’hui », hautement acclamé par le New York Magazine, Entertainment Weekly ou encore Forbes. Muni de ses cuivres et d’une voix groovy sans pareil, il affirme un projet rempli d’ondes positives dépassant les limites des genres musicaux du jazz et de la soul.

C’est donc avec une certaine impatience que j’attendais de voir Jon Batiste sur scène à Paris. Quand la date du 14 octobre au Badaboum est tombée, c’était comme un espoir inattendu de le voir enfin en live. Mon ticket pris, j’ai compté les jours qui me séparait de ce concert tant désiré. Patatras, et O désespoir, quelques jours avant, son tourneur annonce l’annulation de la date. Cela n’empêche pas Jon Batiste de venir en France pour faire la promotion de son album, et en particulier du single We Are (Montmartre remix, ça ne s’invente pas …) sur lequel il chante en duo avec Abi Bernadoth (vainqueur de The Voice) qui a chanté également un titre sur la bande annonce du film « Soul ».

Il effectue depuis le 14 octobre sa promo à Paris en télévision  (C’est à Vous sur France 5) et en radio (TSF Jazz) qui m’apprendront qu’il envisage de faire un secret show à Paris, qui sera annoncé uniquement sur les réseaux sociaux. Autant dire que tel un petit Poucet, j’ai regardé pendant un moment les dits réseaux pour ne pas louper le concert de ce talentueux artiste. C’est finalement pas un mais 3 secrets shows qui auront lieu en une seule soirée, avec la complicité de son ami et artiste Jemel McWilliams.

C’est sur celui du Duc des Lombards (qui est l’un des premiers clubs qui  l’a accueilli en France), que je jette mon dévolu, après avoir eu la chance de m’inscrire (il a fallu être très  rapide) sur la guest-list du Duc ouvert spécialement pour cet évènement spontané. Il fallait aussi être assez accro à sa musique pour venir au Duc des Lombards passé minuit et écouter cet artiste singulier.

Bien m’en a pris, car cette soirée au Duc des Lombards s’annonce comme une pure folie. Alors que je m’attendais à un set somme toute classique piano/voix et chœurs, qu’elle ne fut pas la surprise pour le public de voir arriver le trompettiste  Ibrahim Maalouf (qui venait de terminer son set au Duc), le chanteur Matthieu Chedid à la guitare, accompagné de Tiss Rodriguez à la batterie, de Theon Cross au tuba et de deux créatures absolument divines aux chœurs, les artistes DeSz et Susan Carol.

Jon Batiste ne passe pas inaperçu : longiligne, coiffé de mini dreadlocks dressés sur la tête,  habillé pour la circonstance avec un pantalon rayé noir et blanc en satin, avec des bottines argentées, une chemise blanche et un blouson noir ajouré. Il s’installe naturellement au piano, son instrument favori, sur lequel ses longs doigts (et ses mains incroyablement longilignes)  glissent comme une vague sur la mer. Il est ultra souriant, visiblement très heureux d’être au Duc avec ses guests. Il dévisage avec curiosité  le  public venu spécialement le voir ce soir. Theon Ross, suivi par  Ibrahim Maalouf ouvrent le bal, puis ensuite par Matthieu Chedid à la guitare pour une intro musicale qui met toute suite dans l’ambiance. Le public est au taquet, et une multitude de téléphones portables se dressent, pour ne rien louper de ce moment mythique. La température dans le club commence doucement à monter.

Jon Batiste est certes  un virtuose sur son piano mais l’est aussi au contact des différents musiciens qui l’accompagnent ce soir. Il s’amuse comme un fou sur son piano, j’ai moi-même du mal à suivre ses doigts si rapides sur l’instrument, et pour tout dire, il  ne restera pas très longtemps assis sur son siège pour pouvoir profiter de chaque parcelle du concert. D’ailleurs, après avoir échauffé le public, le concert prends une autre dimension, quand il se met à chanter (une voix de dingue), qu’il mêle au gré des improvisations des solos au piano entre R&B, Soul et même un peu de Chopin ! Son visage est comme un livre ouvert : il regarde et reste connecté avec le public le plus possible, fait des grimaces, il se lève pour prendre son mélodica et entraîner le public à sa suite. Ne tenant plus, le public finit par se lever, à battre des mains,  à chanter en chœur sur Freedom et autres compositions que Jon Batiste nous donnent généreusement ce soir.

Copyright / Tous droits réservés : Astrid Souvray / Pirouettes Sonores

Pour autant, Jon Batiste sait laisser toute la place à Matthieu Chedid et sa guitare, ou à Theon Ross au tuba et sa comparse au saxophone pour des solos ébouriffants. Les moments  les plus  intenses viennent aussi de la participation de deux demoiselles, DeSz et Susan Carol qui officient aux chœurs, donnant une touche à la fois féminines et sensuelles, et toute sa vérité Soul aux morceaux joués avec ces messieurs. Jon Batiste nous laisse peu de répit en fait : nous vibrons tous au rythme des morceaux, de sa voix unique, des scats brillamment délivrés, des vibrations  intenses des solos de guitare électrique  improvisés par Matthieu Chedid, du souffle impressionnant du tuba de Theon Ross, des duels de vocalises Soul et mielleuses de DeSz et Susan Carol, et tout ce beau monde en se regardant d’un seul coup d’œil sait exactement où trouver sa place.

Le temps file vite, et après les présentations d’usage, Jon Batiste dont l’énergie semble sans cesse décuplée se lève, fend le public du Club  et entraîne avec lui musiciens et choristes dans la rue des Lombards. A ce moment précis, je crois que le concert est fini, mais en fait non. Comme s’il se sentait chez lui, à la Nouvelle-Orléans, Jon Batiste joue avec son mélodica, reprend Freedom et rassemble les  gens  dans la rue qui n’en croient pas leurs yeux et ni  leurs oreilles. Matthieu Chedid est souriant et médusé. Tout le monde dans le club se précipite dehors pour ne pas en manquer une miette. C’est comme si Jon Batiste voulait recréer le « Nola Spirit » (l’esprit de la nouvelle Orléans)  dans une fanfare Jazz improvisée, dans la plus pure  tradition des » Marching band » louisianais. Avec ses musiciens et choristes, il se déplace en tête du défilé, et entraîne qui veut bien le suivre  dans le rythme et la convivialité. Bientôt, un attroupement commence à grossir dans ce quartier de Chatelet qui ne dort jamais.

L’ambiance est totalement folle ! Des personnes qui ne connaissent pas l’artiste me questionnent et veulent savoir qui c’est. Je ne me fais pas prier pour lui faire sa publicité. Avant que cela ne devienne un rassemblement plus fou, Jon Batiste retourne dans le club. Le concert se termine sur une note plus douce par la magnifique reprise de Billie Holiday, « God Bless the Child », interprété au piano voix par DeSz avec Jon Batiste. C’est un moment de haute volée vocale, à la fois apaisant et puissant, et avec une sincérité qui touche au cœur. Je réalise à quel point je viens de vivre un concert très particulier, très vibratoire, et absolument unique. Il y a beaucoup d’amour qui a été partagé ce soir. J’ai du mal à redescendre.

Après le show, Jon Batiste répond aux sollicitations avec beaucoup de générosité et de bienveillance. Dans un élan que je ne maîtrise pas vraiment, je lui fait un hug, comme pour le remercier d’avoir partagé ce moment très particulier. Si je n’ai qu’un seul regret, c’est de n’avoir pas eu un duo et la présence d’ Abi Bernadoth  sur le titre « We are ». Mais  la performance de Jon Batiste a été tellement incroyable ce soir que je ne peux pas lui en vouloir. Indéniablement, Jon Batiste aime Paris et Paris le lui rend bien !

Découvrir les photos du concert (Copyright / Tous droit réservés : Astrid Souvray / Pirouettes Sonores) ci-dessous : (cliquer sur une photo pour faire défiler la galerie)

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Jon Batiste a sorti récemment le single « Sing » en duo avec Tori Kelly :